Edmond CAUSSIN
CAUSSIN Edmond, matricule 30 528 à Mittelbau-Dora
Edmond Caussin est né le 6 avril 1922 à Bouzincourt, dans la Somme. Jeune aide familial dans la ferme de son père, célibataire, domicilié dans sa commune natale durant l’Occupation, il est appelé, en 1943, pour le STO. Il décide de s’y soustraire en tentant de franchir la frontière espagnole pour rejoindre les FFL du général de Gaulle en Afrique du Nord.
Edmond Caussin quitte son domicile le 6 juin 1943, mais il est arrêté, le lendemain, dans le train entre Bordeaux et Dax, par les douaniers allemands au cours d’un contrôle. Conduit à Biarritz, il est ensuite transféré à Bayonne, avant d’être incarcéré, le 21 juin, au fort du Hâ, à Bordeaux.
Le 10 septembre suivant, il est envoyé au camp de rassemblement de Compiègne, dans l’Oise. Au Frontstalag 122, il est enregistré avec le numéro 18 261.
Edmond Caussin est déporté, le 28 octobre 1943, dans le quatrième convoi parti de France vers Buchenwald. Arrivé deux jours plus tard avec 911 hommes, il devient le matricule 30 528.
Dès le 20 novembre, soit au terme de la période de quarantaine, il est affecté au Kommando de Dora. Dans le tunnel, il déclare la profession d’ingénieur et se trouve intégré au Kommando Zbv. Le travail consiste à faire des remplacements là où il manque du personnel. Sa première tâche est de nettoyer des tôles de fusée A4-V2 avec une brosse métallique. Il est ensuite utilisé au contrôle des appareils électriques du missile avant de revenir au Transportkolonne, en mai 1944.
Le 6 juin 1944, c’est à la cuisine du camp qu’il apprend le débarquement en Normandie. Ayant manifesté de manière trop ostensible sa joie, il est inscrit pour le Kommando de Kelbra. Tous les jours, il effectue en train les 30 km qui séparent ce dépôt de pièces de la ville de Nordhausen. C’est dans ce lieu, qu’à la suite de la rupture d’un câble de monte-charge, il est grièvement blessé en tombant d’une dizaine de mètres. Admis au Revier, il est soigné par le docteur Jacques Poupault (41 529). À sa sortie, il est renvoyé au tunnel, Hall 28. Il y retrouve Victor Facquez (40 429), originaire de la Somme, comme lui. Edmond Caussin y reste jusqu’à l’évacuation des détenus, en avril 1945, par les SS. Le 4 avril, il embarque dans un train qui arrivera, après cinq jours d’errance, à Bergen-Belsen.
Edmond Caussin est libéré le 15 avril 1945 du « camp des casernes » par les troupes britanniques. Le 20, il répond à un questionnaire très détaillé, qui nous est parvenu, avant d’être embarqué dans un camion le 25, rapatrié vers Bruxelles, en avion, le 29 avril, pour enfin arriver en France par le centre d’accueil de Lille.
A son retour il continuera d’aider son père à Bouzincourt avant de se marier en 1949 et de reprendre la ferme. En 1959 pour des raisons de santé il cède son exploitation agricole puis déménage à Albert (Somme) avec sa femme et ses trois enfants. Il devient alors représentant de commerce puis agent d’assurances. Il s’y est éteint le 12 août 2006.
Membre de l’Amicale Dora-Ellrich, il participait, le 11 juin 1983, à la rencontre des anciens de Dora organisée à Paris à l’initiative de Jean Cormont (41 279).
Jusqu’au bout, il a été un membre actif de l’UNADIF et de l’Amicale Dora-Ellrich. Il était très ami avec Louis et André Sellier, qui l’a consulté pour la relecture d’extraits de son livre « Histoire du camp de Dora ».
Sources : Bu 7/2-9/7- Liste Amicale de Buchenwald ; Dossier 21p723658 (DAVCC Caen) ; RT « Mémoire vivante » ; Liste Do ; Fiche BB (20/4/45) ; SEL/200 (La Coupole) ; Le Déporté n°551 ; Contact Michel Caussin (La Coupole mai 2017).
Laurent Thiery