76ème anniversaire de la libération de Montpellier
Cérémonie de libération de Montpellier, dimanche 30 août 2020
2020, Année du 75ème anniversaire de la Libération des Camps de concentration et d’extermination.
Les Déportés les plus valides arriveront dans le département à partir de juin-juillet 1945. Les autres seront dirigés vers des hôpitaux ou des sanatoriums.
D’autres ne reviendront pas, comme Laurent DUVIOLS, Marcel DELPON, Gaston COMBARNOUS et son fils, Robert BONIFAS, Lucien O’SUGRUE, et Auguste POLVEREL, laissant des veuves et des orphelins, et ce fut le cas de mon père, Roger GARRIVIER, Résistant de la première heure dans sa Bourgogne natale.
Tous ces Résistantes et Résistants, avant d’être envoyés en Allemagne via le camp de Compiègne, auront connu à Montpellier les interrogatoires musclés de la 32ème ou 3 place de Castries ou Villa Saint Antonin. Certains auront connu également la Villa des Rosiers où la Gestapo torture 7 jours sur 7.
En parallèle à cette répression allemande, et avec l’aide de collaborateurs français, le 28 février 1943, la Milice est constituée : le Docteur HOAREAU, chef départemental (qui écrira le 22 juin 1944 : « nous avons foutu la Marianne en l’air !) et HORNUS, intendant de Police, commencent leur triste besogne.
En février 1944, arrive Jean Paul REBOULLEAU comme directeur de cabinet avant de devenir Préfet Délégué.
Il contribuera avec Pierre MARTY à l’arrestation des Préfets Alfred HONTEBEYRIE et Jean BENEDETTI. Tous deux seront déportés comme otages au château d’EISENBERG en BOHEME qui dépendait du KL FLOSSENBURG.
Il sera secondé par TORTORA, responsable de nombreux crimes.
Du 14 mars au 11 juillet 1944, 16 Résistants seront fusillés à la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone, 9 par un peloton du GMR et 7 par des soldats allemands.
A partir du mois de mai 1944, la Milice, avec sa franc-garde, s’installe dans les lieux.
L’ensemble du dispositif est en place : l’équipe de l’intendant de Police Pierre MARTY, surnommée « La Brigade sanglante » par les montpelliérains, peut opérer.
Ce seul surnom de « Brigade Sanglante » en dit long sur ses activités et ses méthodes.
Le choix de ce lieu est primordial : il est à proximité de la Villa Saint Antonin, et de la Villa des Rosiers.
Les détenus sont interrogés, torturés, très souvent jusqu’à ce que mort s’ensuive, par la Milice et sa Franc-Garde : c’est le cas de Monsieur et Madame PIGNOL qui subirent ces interrogatoires entre le 4 et le 17 juillet.
Monsieur Pignol perdra sa voix le 12 juillet mais passe néanmoins une dernière fois devant ses bourreaux durant 1h durant laquelle on lui fera avaler 6 litres d’eau salée sous pression. Il succombera à 14h.
Replacé dans sa cellule, contigüe de celle de son épouse, on laisse son corps sans vie se décomposer !
Son épouse, elle, a les maxillaires brisées, les dents arrachées, le nez fracturé et de multiples plaies sur tout le corps.
Et pour ajouter à sa désespérance, le 17 juillet les Miliciens viendront la chercher pour un nouvel interrogatoire et lui feront remarquer que l’odeur pestilentielle qui se dégage de la cellule proche de la sienne, est celle du cadavre de son mari.
Elle sera pendue à la porte de sa cellule mais ses geôliers qui essaieront de faire passer cette pendaison pour un suicide !
Germaine BOUSQUET verra Jean GUIZONNIER, Responsable du MUR, et Capitaine des sapeurs-pompiers de la caserne de Montpellier, torturé par Henri CORDIER, avec le globe de l’oeil pendant hors de son orbite.
Raoul BATANY, le plus jeune, sera abattu le 18 août d’une balle dans la bouche après avoir lui aussi subi d’importantes tortures.
Tous les 5 mourront sans avoir parlé.
Le Corps-franc « LEON » d’Henri GLAZER, alias BOLIVAR, recevra le 19 août, l’ordre de l’état-major FFI, d’investir la Préfecture, l’Intendance de Police et la Caserne de LAUWE.
Un groupe d’une vingtaine de Résistants de nationalités et d’origines diverses est formé.
Jean SOTTO dit « Chauffeur » conduit la voiture du Capitaine LEON, Joseph SEMATORE et un Russe qui ne parlent pas français sont avec lui.
Cette voiture est suivie d’un camion et de quelques motos.
Après un arrêt au Domaine de Maurice PLANES à TOUCY, ils arrivent le 20 août à MONTPELLIER pour effectuer leur mission et mettre en place le Commissaire de la République, Jacques BOUTIN.
Colette BEAUCAIRE RONZIER JOLY, agent de liaison FFI, conduite par MICHAVILLA, un Républicain espagnol, arrive ici dans l’après-midi.
Elle a le temps de voir deux cellules encore maculées du sang des Résistants suppliciés, avant que PLANES ne l’expulse en disant « ce n’est pas la place d’une femme en ce moment ! »
Les corps de Jean GUIZONNIER et de Raoul BATANY seront découverts dans une fosse, dans le parc face à l’entrée principale, suite aux informations révélées par un milicien, maçon de son état et résidant à GANGES.
Le détenu, Jules BERTRAND, également de GANGES, pharmacien et radio du réseau COTRE, détenu depuis le 22 juin 1944 est libéré ainsi que d’autres détenus.
Bien que n’ayant pas lui-même été torturé, il a vécu les atrocités de ce lieu, son état psychologique en sera ébranlé et il ne sera plus capable de reprendre son ancien métier.
Son épouse se verra dans l’obligation de passer des examens afin de subvenir à la famille.
De plus, Jules BERTRAND, n’ayant pas été retenu plus de 3 mois, ne pourra pas bénéficier du statut d’ « INTERNE-RESISTANT ».
Le 21 août 1944, les allemands se retirent de la ville.
Le 22, les principales autorités de VICHY sont arrêtées, le Préfet régional et départemental, le Commissaire Central, l’Intendant de Police, le Procureur Général, et quelques miliciens.
Le 25 août des troupes allemandes en repli passent toujours à Montferrier.
Le Commissaire de la République, Jacques BOUTIN, craignant qu’elles n’arrivent en ville, décide avec les responsables de la Résistance, de les attaquer.
Le combat s’engage à 9h30 contre l’arrière de la colonne de la FLAK, jusqu’au milieu de l’après-midi. Les allemands décrochent enfin en emportant leurs morts et leurs blessés.
La ville de Montpellier est LIBEREE.
Le lendemain, le maquis BIR-HAKEIM arrive par la route de LODEVE pour renforcer la position.
Monsieur le Maire, lors de votre prise de fonction, vous avez déposé une gerbe et rendu hommage aux « Combattants municipaux morts pour la France », nous avons été sensibles à cette démarche que nous avons grandement appréciée
Elle témoigne du respect que vous portez à ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions VIVRE LIBRES.
Aussi les membres de l’association "Traces d’Histoire" présidée par Michèle BLANCHOT, et ceux de l’UNADIF-FNDIR de l'Hérault, présidée par votre serviteur, espèrent voir le dossier de préservation de ce lieu et de ses inscriptions enfin aboutir.
Ce dossier, déposé par nos soins en mars 2014 a rencontré de nombreux obstacles pour aboutir, (non sans l’aide de certains élus que nous remercions au passage) en juillet 2019 au classement définitif de ces cellules au titre des MONUMENTS HISTORIQUES.
Néanmoins, nous sommes toujours en attente de la signature du décret et des suites à donner pour que des travaux puissent être envisagés.
Et les inscriptions ne connaissent pas le virus, et continuent de se déliter
La valeur historique de ce lieu, sa valeur pédagogique ne peuvent vous échapper.
En effet, la pression du débarquement des alliés et la mise en application des plans élaborés par la Résistance et transmis au BCRA, ont permis la Libération de notre ville.
La municipalité conduite par Paul BOUSQUET, consciente du prix payé par les Résistants a, dès 1947 commandé au sculpteur Pierre NOCCA, originaire de SETE et Résistant à PARIS le Monument des Martyrs ( il est également le sculpteur de la statue de Jean Jaurès)
Et nous avons hâte de redonner à ce lieu la place qu’il mérite dans les projets à conduire avec les établissements scolaires.
Aujourd’hui Monsieur le Maire, le dossier de classement est accepté, et nous ne doutons pas que la Municipalité que vous conduisez, s’engagera dans les travaux nécessaires , en reconnaissance de la dette que nous avons envers les martyrs de ce lieu, morts sous la torture , sans dire un mot, pour nous nous puissions VIVRE LIBRES.
Merci de votre attention
William GARRIVIER, Président UNADIF-FNDIR 34